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La Sécu a 75 ans !

Créée par ordonnances les 4 et 19 octobre 1945, la Sécurité sociale fête cette année ses soixante-quinze ans d’existence. Histoire d'une révolution sociale.

 

Le 15 mars 1944, le Conseil National de la Résistance (CNR), dans son programme « Les Jours heureux », appelle à « un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ».

 

Dans le programme du CNR, la mise en place d'un plan de Sécurité sociale vise à permettre aux individus de subvenir à leurs besoins s'ils se trouvent dans l'incapacité (maladie, invalidité, retraite...) de se procurer par le travail les moyens d'existence. Il s'agit de mettre en place un système de solidarité à l'échelle nationale pour venir en aide aux personnes plus démunies. L’ambition première était d’organiser une société juste et solidaire, dans laquelle la Sécurité sociale occupait un rôle central, car il n'y a pas de liberté sans protection et pas d’égalité sans solidarité.

 

En finir avec l'indignité

 

A la Libération, Pierre Laroque, haut fonctionnaire et résistant, participe très largement à la rédaction des textes fondateurs de la Sécurité sociale, dont le plan sera porté devant le Parlement par Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et de la Sécurité sociale.

 

 

Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 stipulent : « L’organisation de la Sécurité sociale assure dès à présent le service des prestations prévues par les législations concernant les assurances sociales, l’allocation aux vieux travailleurs salariés, les accidents du travail et maladies professionnelles et les allocations familiales ».

 

Dans son premier discours devant l’Assemblée, le 3 décembre, Ambroise Croizat, surnommé le « ministre des travailleurs », affirme la priorité que doivent constituer la Sécurité sociale et la retraite des vieux travailleurs : « Il faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort, mais une nouvelle étape de la vie ».

 

Ambroise Croizat (Photo DR)

 

L'ordonnance du 4 octobre prévoit la mise en place de caisses remplaçant les organismes existants, afin d’unifier les régimes. Les professions agricoles conserveront toutefois un régime spécifique adapté, tout comme certains salariés (les cheminots, mais aussi les gaziers et électriciens). Selon les souhaits du CNR, leur gestion est confiée à des administrateurs élus.

 

Le moteur des Trente Glorieuses

 

Edifiée alors que le pays est ruiné, la Sécurité sociale va démontrer qu’investir dans l’humain, le développement et la prévention est une exigence éthique et un générateur de progrès économique et social. Mieux protégés, les Français vont pouvoir se projeter, se soigner, faire des enfants, se loger. La « Sécu » va devenir le moteur des Trente Glorieuses.

 

« Premier succès, la Sécurité sociale a apporté aux travailleurs un sentiment de sécurité, notamment pour les plus fragiles. C’est une véritable transformation sociale. Deuxième succès, la spectaculaire amélioration de la santé : les progrès médicaux n’auraient pu être généralisés s’il n’y avait pas eu la Sécu. Succès aussi, le redressement de la natalité. Succès enfin sur le plan économique, parce que la Sécurité sociale, bien loin de gêner le redressement de la période d’après-guerre, l’a facilité et l’a favorisé » (Pierre Laroque, 1983).

 

 

Plus que jamais indispensable

 

Mais les forces conservatrices sont à l’œuvre. Rapidement, les politiques libéraux vont tenter de réduire sa force démocratique (arrêt des élections) et son poids économique en asséchant son financement (exonérations de cotisations sociales), générant plusieurs dizaines de « trous » par manque de recettes…

 

Durant la crise du Covid-19, notre bonne vieille Sécu a encore démontré à quel point elle était indispensable à notre santé, à notre protection sociale. Saurons-nous la défendre alors qu’elle traverse aujourd’hui une crise sans précédent ?

 

 

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